CHSCT du 5 juillet : déclaration liminaire FO

Monsieur le Directeur Académique,

Lors du précédent CHSCT‐D, la FNEC FP FO vous avait déjà alerté sur l’état d’épuisement et de découragement des équipes dans les établissements scolaires. Comme dans les autres domaines d’activité, la situation sanitaire a aggravé la dégradation des conditions de travail que nous avions précédemment constatée. Les 80 fiches RSST qui ont été remplies depuis le dernier CHSCT‐D, en témoignent. Parmi elles, celle rédigée par un conseiller pédagogique, est significative. La FNEC FP FO tient à s’en faire l’écho car elle résume bien les difficultés rencontrées par les équipes dans les écoles.
Il y est ainsi expliqué « La multiplication de la gestion des élèves singuliers, l’augmentation du nombre d’évènements préoccupants et d’équipes éducatives en lien avec cette thématique, engendrent des situations conflictuelles avec les familles, et l’ensemble des membres de l’équipe pédagogique. Il en ressort un état d’épuisement et de grande fragilité pour l’ensemble des membres de la communauté éducative devant traiter ces dossiers. »

Plus d’un tiers des fiches RSST (28 exactement) relatent des situations ingérables au sein des écoles dues à l’inclusion. A chaque fois, des équipes éducatives sont tenues, des protocoles mis en place, des conseillers pédagogiques envoyés en observation…. Mais les situations ne s’améliorent guère car les enfants en souffrance quand ils sont à temps complet dans le milieu ordinaire, ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin, faute de structures pour les accueillir. Un élève qui, chaque jour, explose au sein de l’école, clame sa souffrance, et son comportement révèle un besoin de soins. Fermer les structures spécialisées (ITEP, SESSAD, IME…) c’est refuser les soins à ces enfants, c’est nier leur handicap et leurs besoins. C’est aussi ne pas tenir compte des autres élèves qui subissent ou sont témoins de ces scènes de souffrance. Enfin, c’est demander aux enseignants de sortir de leur mission qui est d’instruire les élèves et non de les soigner. La FNEC FP FO demande toujours l’abrogation de la Loi Montchamp dont l’objectif a toujours été des économies d’ampleur sur les dos des enfants handicapés. La FNEC FP FO ne demande pas une formation des enseignants visant à accepter l’inacceptable (coups, crises de nerfs, etc..) mais elle demande la réouverture des structures spécialisées pour accueillir tous les enfants qui ont besoin de soins.

La fiche RSST précédemment citée, continue ainsi : « Le respect du cadre sanitaire (…), avec un non remplacement croissant des enseignants absents, engendre une remise en question des compétences professionnelles des directeurs des groupes scolaires et est source de tension interne et vis‐à‐vis des parents. Les situations d’incivilités, de violences verbales à l’encontre du personnel enseignant et même de harcèlement sur les boites mail des écoles sont en augmentation. Elles contribuent là encore à épuiser tant physiquement qu’émotionnellement l’ensemble de la communauté éducative qui essaie de réguler et atténuer les conflits. »

Dès le début de la crise sanitaire, la FNEC FP FO a demandé le recrutement d’enseignants sous statut sur la liste complémentaire au concours pour pallier le manque de remplaçants, aggravé par l’absence des personnels vulnérables. Ce recrutement n’a pas eu lieu. Ce qui a eu pour conséquence une faillite de l’école dans sa mission d’instruction puisque certains directeurs ont été contraints de renvoyer des enfants chez eux, quand d’autres devaient priver un enfant à besoins particuliers du soutien de son AESH parce qu’elle devait aider à la surveillance de la classe non remplacée.

La situation est arrivée à son comble quand en cette fin d’année, il a été demandé à des remplaçants en remplacement long sur une école de quitter leur classe au moins une fois par semaine, parfois le matin même, pour faire un remplacement sur une autre école.

A chaque fois, les directeurs et leurs équipes étaient en première ligne pour affronter le mécontentement et l’incompréhension des familles. Quatorze fiches RSST témoignent des conséquences de ces conditions de travail sur la santé des enseignants.

Au‐delà des fiches RSST, l’augmentation des demandes de temps partiels, de disponibilité, de départ en formation, de ruptures conventionnelles, d’arrêts maladie, est révélatrice de cette dégradation des conditions de travail.

Enfin, après près de dix ans de fonctionnement, les écoles avec un rythme scolaire réparti sur 4 jours et demi avec mercredi et TAP au sein des locaux scolaires, constatent la dégradation des conditions d’apprentissage des élèves comme des conditions de travail des enseignants. C’est ce que révèlent les motions d’écoles qui ont été lues lors de différents conseils d’école et qui nous sont parvenues.

Outre le fait que cette organisation du temps scolaire n’a pas permis ni de constater l’amélioration des performances des élèves comme cela était annoncé ni un allégement de la journée de l’enfant, elle a dégradé les conditions de travail des enseignants.

En effet, la classe n’étant plus seulement le lieu de l’instruction puisque partagée avec les activités périscolaires, les enseignants ne peuvent plus y travailler après le temps scolaire et sont régulièrement confrontés à des problèmes de matériels dégradés, déplacés, disparus…. Les règles de vie étant différentes selon que les élèves sont sur le temps scolaire, le temps de cantine ou le temps des TAP, le comportement des élèves s’est dégradé tant face aux apprentissages que face à l’adulte. Les conflits qui éclatent sur les temps périscolaires sont plus nombreux qu’avant et leur gestion empiète régulièrement sur le temps scolaire. Enfin, les enseignants constatent une fatigabilité accrue des élèves, entraînant une plus grande irritabilité de ceux‐ci ainsi que moins de disponibilité pour les apprentissages.

La FNEC FP FO demande, avec tous les enseignants qui ont signé la pétition et avec toutes les écoles qui écrivent des motions, une organisation du temps scolaire sur 4 jours pour tous, comme c’est déjà le cas pour 87 % des communes françaises, pour 158 communes sur 177 dans le Maine‐et‐Loire, pour toutes les écoles de l’enseignement privé.

La FNEC FP FO vous alerte : les enseignants sont épuisés et en colère. Il est urgent d’entendre et de satisfaire leurs revendications.