Compte rendu de la Conférence départementale du 15 janvier 2024 sur l’ « inclusion scolaire systématique »

La politique d’inclusion scolaire systématique d’enfants handicapés en école ordinaire (avec un objectif chiffré d’«inclusion » de 80% d’entre eux*…) a des conséquences dramatiques :

(*le fait même de chiffrer, illustre la non volonté de prendre en compte le degré du handicap, voire de le nier)

Depuis 10 ans l’ARS a supprimé de nombreuses places en établissements adaptés / spécialisés (exemple de l’IME de BRIANCON à BAUNE donné lors de la Conférence, où de 50 places d’enfants on est passé à 21, ce qui s’est accompagné d’une diminution de postes d’éducateurs et d’enseignants spécialisés : de 6 classes, on est passé à 2 dont 1 en « inclusion » dans une école.

Aujourd’hui dans le département, plus de 80 enfants sont en attente d’une place en ITEP selon les derniers chiffres donnés en instance paritaire par l’Inspection Académique de l’Éducation Nationale, 80 élèves intégrés dans des classes ordinaires « à tout prix. »

A savoir : un enfant scolarisé en milieu ordinaire « coûte »  7 000 euros sur une année contre 25 000 euros dans un établissement spécialisé.

16 lits en pédopsychiatrie ont été également supprimés

Les enfants autistes, parfois à un degré lourd, inclus dans les classes doivent répondre à un cahier des charges très précis s’ils veulent avoir un espoir d’entrer dans l’une des classes « autisme » du département (une à la maternelle Montesquieu et deux futures classes à l’école Jean Rostand à ANGERS et au collège des Ponts de cé de 5 à 10 enfants chacune) : engager la fermeture de son manteau mais ne pas savoir le fermer par exemple, … L’école devient une gare de triage, une salle d’attente… Par ailleurs, des classes « autisme » se créent mais il y a bien d’autres handicaps qui nécessitent des moyens particuliers… La difficulté à trouver une place adaptée, crée des tensions avec certaines familles qui doivent se battre sans cesse pour les droits de leurs enfants. Une AESH*, accompagnante d’enfant handicapé (payée 800 euros par mois) explique que l’enfant qu’elle suit est très violent avec elle (cherche à l’étrangler) Les autres enfants ont peur. Dans son école, sur l’ensemble des élèves « à besoins spécifiques », 3 y sont parce qu’il faut les scolariser « à tout prix » mais mettent toute l’école à mal. Ils « tournent », une demie heure dans chaque classe, tellement c’est intenable. On les emmène voir le bac à poissons, on fait des Playmobil… on ne peut pas parler de scolarisation ».

Les enfants cités ci-dessus sont en souffrance dans les classes, les autres élèves sont en souffrance, les personnels sont en souffrance.

Du 25 mai au 30 novembre, 221 fiches santé et sécurité au travail ont été rédigées par des enseignants du public dans le département, 3 fois plus que l’an passé sur la même période. 106 concernent des risques psycho-sociaux, 61 risques physiques et 50 des raisons de sécurité. 80% de ces fiches sont liées à l’inclusion scolaire systématique. 

Lors de la conférence, nos collègues professeurs des écoles ont témoigné et donné des exemples de cette maltraitance institutionnelle infligée aux enfants et aux personnels, parfois convoqués directement par la hiérarchie pour « insuffisance professionnelle » s’ils n’arrivent pas à faire face à la violence d’enfants aux troubles du comportement grave. Autrefois, quand il y avait encore des structures (classes de perf qui ont été détruites par exemple…) quand un élève n’était pas en capacité d’aller en classe il n’y venait pas et il avait des soins. Aujourd’hui, ce sont des « équipes mobiles » qui viennent une fois sur l’école pour coacher le professeur, culpabilisé, et on laisse l’enfant dans un cadre contraint qui lui fait violence.

Des ATSEM de la Ville d’ANGERS expliquent comment des enfants à besoins spécifiques peuvent passer tout leur scolarité de maternelle sans soins, compte tenu du temps des protocoles et des délais de délivrance de notifications, avec parfois le déni de certaines familles qui ralentissent encore les procédures.

« Certains enfants passent leur matinée complète dans le couloir, incapables de laisser les autres élèves travailler. De plus en plus de collègues font des burn-out. On ne peut plus faire notre travail, nos missions ». (encore plus depuis la dernière réforme qui impose la scolarisation d’enfants même s’ils ne sont pas propres) Ça suffit ! Et quel mensonge de vendre aux parents une scolarité de qualité ! Parfois ces enfants qui ne tiennent pas dans une classe font deux récrés à suivre. C’est de la garderie. Une autre collègue de la Ville d’Angers explique qu’elle travaille dans une classe en co-enseignement (2 x 13 enfants) Parmi eux, 5 enfants sont en attente de notifications ! Un des enfants n’a une accompagnante que le matin, c’est très compliqué l’après-midi, d’autant plus sur ANGERS avec les Temps d’activités périscolaires (TAP) ».

Si certains parents peuvent être dans le déni, beaucoup se battent au contraire pour faire respecter le droit de leurs enfants à des soins et une solarisation adaptée. Des parents présents à la conférence nous ont expliqué leurs combats quotidiens (combat de plus d’un et demi pour avoir une AESH !). Pour certains, comme il n’y a pas de places en structures spécialisées, ils doivent renoncer à leur vie professionnelle. Ils sont « aidants » pour faire le suivi des prises en charge de leurs enfants… dans le privé… Ils sont démunis. L’école vendue comme « inclusive » … exclut.

Petite anecdote pour terminer la conférence, une AESH indique qu’elle vient de recevoir un mail de son employeur, l’Éducation Nationale, qui conscient qu’elle ne peut pas vivre de ce qu’elle gagne (!), envoie une offre d’emploi complémentaire « Nounou dom » afin de garder des enfants à domicile en plus de ses heures… honteux.

La Conférence a adopté une motion que nous diffusons largement (ci-jointe) pour préparer la grève et la montée à PARIS le 25 janvier prochain.  

Pour information, voilà plusieurs mois, que nous avons proposé l’unité sur ce dossier aux autres organisations syndicales nationales. Le fait que les revendications soient inscrites dans un appel unitaire à la grève le 1er février dans l’Éducation Nationale est un espoir pour que cette unité puisse se réaliser dans les mois qui viennent.

  • Pour la défense de l’enseignement spécialisé et adapté ; 

  • Pour le maintien et la création des places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux ; 
  • Pour le maintien des établissements spécialisés ; 
  • Pour un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les AESH ; 
  • Pour le retrait de l’acte 2 de l’École inclusive* ! (*transfert des notifications de la maison du handicap vers l’Éducation Nationale, transformation des PIAL en PAS qui viennent d’être retoqués par le conseil constitutionnel, fusion des missions des AESH et des Assistants d’éducation, diminution du nombre d’AESH, dissolution des IME dans les écoles …)
     

Nous vous transmettons des communiqués (chefs d’établissements FO, Confédération, Action sociale.. .)

Un bus part de La Rochefoucault jeudi 25 janvier pour aller manifester sous les fenêtres de la nouvelle ministre de l’Éducation Nationale.

Nous contacter 06 84 44 65 75